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Marinax énergie positive
22 novembre 2011

Location solidaire

Un bel article sur la location solidaire sur youphil

Alors que les problèmes liés au manque de logements sociaux augmentent, une solution alternative permet aux propriétaires de louer leur appartement aux plus démunis, tout en bénéficiant de garanties confortables.

Charmant F2, 50 m2, canal Saint-Martin, Paris, 680 euros: de quoi faire rêver par les temps qui courent. C'est pourtant l'appartement qu'occupent Hanane, 34 ans, et son fils de quatre ans, tous deux longtemps exclus du monde des logements décents. Ils bénéficient de l'un des 670 appartements du programme Louez solidaire, lancé en 2007 par la Ville de Paris, pour ouvrir les portes de la location aux personnes défavorisées. Fin 2008, l'Etat a relayé ce programme dans six régions de France grâce au dispositif Solibail, qui a notamment rassemblé 1.566 logements en Ile-de-France.

Ces programmes permettent aux propriétaires de déléguer la gestion locative de leur appartement vacant à une association. Le contrat de bail est signé entre le propriétaire du bien immobilier et l'association qui se porte garante en assurant, quoi qu'il arrive, le paiement des loyers. Aurore, Habitat et Humanisme, l'AIS 93, Habitat et Développement Ile-de-France, l'Aftam… de nombreuses associations se sont associées à ces dispositifs.

En passant par cette voie solidaire, le propriétaire bénéficie de certains avantages: garantie du paiement du loyer, entretien et remise en état du logement à la fin du bail, et déductions fiscales allant de 30 à 70% du revenu locatif sous certaines conditions.

En contrepartie, le propriétaire s'engage à proposer un loyer inférieur à celui du marché. Ainsi un appartement à Paris est loué au maximum à 17,47 euros le mètre carré avec Louez solidaire, contre 23,53 euros en moyenne dans le système classique.

Un nouveau souffle

Dans son nouveau logement, Hanane semble épanouie. Décorations marocaines, meubles et tapisseries assorties, elle a mis sa touche personnelle pour se sentir chez elle. "Je n'aurais jamais imaginé habiter dans un appartement pareil. C'est un vrai soulagement, je revis!", raconte-t-elle. Avoir son propre logement était jusque-là inespéré. Avec son petit garçon, Hanane a connu la galère des hôtels meublés. Pendant presque trois ans, elle a dû partager le même lit et la même pièce de 15 m2 avec son fils. Assise à côté de lui, elle le regarde et confie sa crainte: "Parfois il se souvient de l'hôtel, mais j'espère qu'il va oublier".

C'est grâce aux assistantes sociales de son quartier qu'elle a pu rentrer dans le programme Louez Solidaire. Aujourd'hui, elle est suivie par l'association Aurore, qui paye une partie de son loyer avec l'aide reçue de la ville de Paris. Ainsi, elle n'a que 300 euros à débourser, car la loi prévoit que les bénéficiaires s'acquittent d'une redevance ne pouvant pas excéder 25% de leurs revenus.

Une solution solidaire qui rassure les propriétaires

"Je ne me voyais pas regarder quelqu'un en face et lui demander 900 euros", confie Hélène, propriétaire d'un logement dont elle a hérité. Après avoir logé ses enfants dans cet appartement, la propriétaire trouve la solution idéale à ses problèmes d'argent, et de conscience, en lisant un encart dans le quotidien Libération. Elle décide de louer son logement à l'association Aurore, et signe le contrat de bail en 2010.

Certains propriétaires solidaires sont motivés par un élan de générosité, mais la plupart d'entre eux passe plutôt par ce système de location pour des raisons de sécurité. Les personnes âgées, parfois craintives à l'idée de louer leur bien après avoir connu une mauvaise expérience, sont ainsi les plus nombreuses à choisir cette option. Le fait que l'association soit la signataire du bail les rassure. Le père Bernard Devers, président et fondateur de Habitat et Humanisme, le reconnaît: "l'opération sert aussi à casser les peurs".

Pour Marcel, 70 ans, propriétaire d'un trois pièces de 54m2 dans le 11ème arrondissement de Paris, c'est à la suite d'une mésaventure qu'il s'est lancé dans le programme. Il avait loué son appartement par le biais d'une agence immobilière. Mais quand les locataires ont arrêté de payer leur loyer, l'agence n'a pas fait le nécessaire pour lui assurer le remboursement de sa perte. Une situation qui a duré deux ans. Même si Marcel est un ancien bénévole du Samu Social où il faisait des maraudes, il assume: c'est avant tout la sécurité que lui procurait l'association qui l'a attiré, le côté solidaire étant "le petit plus".

Un dispositif transitoire

Le système a ses limites. Les premières critiques concernent sa durée éphémère, les habitants ne pouvant rester que 18 mois dans un appartement loué par ce biais. Yankel Fijalkow, sociologue urbaniste et auteur du livre Sociologie du logement constate: "On est encore en train de créer un dispositif transitoire. C'est bien, mais c'est une mesure qui déplace provisoirement le problème".

Du côté de l'Etat, on mise sur la réinsertion: "On nous reproche d'avoir mis en place un dispositif temporaire. Mais dans notre esprit, la sortie, c'est l'accès à un logement locatif classique", explique Marie-Françoise Lavieville, adjointe au préfet délégué interministériel pour l’hébergement et l’accès au logement (DIHAL).

Les associations de leur côté parlent également de "tremplin". Les personnes réapprennent à vivre dans un logement décent, à payer un loyer, des factures EDF. Le programme ne peut ainsi fonctionner qu'avec des mesures d'accompagnement pendant et après la location.

Hanane, aujourd'hui enceinte d'un deuxième enfant, arrive par exemple à la fin de ses 18 mois. Pleine d'entrain, elle espère trouver un logement HLM avec son nouveau compagnon. L'association Aurore l'oriente dans ses démarches. "J'ai déjà eu trois propositions de logement pour le moment, mais c'était des deux pièces, donc pas assez grand pour la famille que l'on va former", explique-t-elle. Hanane se montre confiante sur son avenir: "Je suis sûre et certaine de trouver quelque chose. Si ce n'est pas aujourd'hui, ça sera demain".

Tous ne sont pas aussi optimistes qu'Hanane. Dans un rapport sur le dispositif Solibail en Ile-de-France, rédigé en 2010 par la Fnars qui fédère les associations d'accueils et de réinsertion sociale, 20% des familles qui refusent un logement par le biais de Solibail le font par peur qu’il n’y ait pas de suite donnée à cette solution temporaire. Conscient de ce risque, le père Devert d'Habitat et Humanisme observe: "Notre mission n'est pas de régler la crise du logement, mais de susciter la mixité pour que les personnes en difficulté ne se disent plus que la ville leur est interdite".

La pénurie de logements

Alors qu'avec Solibail, les associations ne disposent pas de moyens spécifiques pour capter de nouveaux appartements, avec Louez Solidaire, c'est la ville de Paris qui est en charge de trouver des logements et de les assigner aux organismes partenaires.

Selon Marie-Françoise Lavieville du DIHAL, les objectifs ne sont pas atteints en ce qui concerne le nombre de logements disponibles. Sur les 5.000 logements visés par le projet Solibail, seul 2.800 logements ont été captés entre fin 2008 et mai 2011. Trouver de nouveaux appartements est d'autant plus difficile que l'Etat a demandé aux associations de favoriser les propriétaires particuliers et de ne plus passer par les agences immobilières.

Le manque de communication autour de la location solidaire n'aide pas à gagner du terrain. Marie-Françoise Lavieville l'admet: "Nous n'avons pas les moyens financiers pour faire de la communication". Une campagne publicitaire pour Solibail avait été réalisée en 2008, mais rien depuis. 

La ville de Paris, de son côté, intervient plus régulièrement. Elle missionne ainsi chaque année une agence spécialisée, en charge de la communication pour Louez Solidaire. La prochaine campagne devrait avoir lieu d'ici la fin de l'année. Les propriétaires entendront-ils la mélodie de l'appel solidaire?

Illustration: Crédit Photo sachyn / SXC

 

 

Source: http://www.youphil.com/fr/article/04555-quand-proprietaire-rime-avec-solidaire/?ypcli=ano

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